Ce graphique montre l'évolution de la salinité de l'eau de la mer du Labrador (où il y a formation d'eau profonde) entre 400 et 3600 mètres de profondeur de 1950 à 2001.
On remarque une diminution globale de la salinité depuis 1971 dans la mer du Labrador. On peut supposer que la cause de cette baisse soit un ralentissement de la formation d'eau profonde.
Parallèlement, ce graphique montre l'évolution du flux d'eaux profondes qui passe à travers le détroit des Féroé (au Sud-ouest de la Mer du Nord, entre l'Islande et l'Ecosse) où il y a formation d'eaux profondes, sous l'isotherme 0,3°C, de 1995 à 2000.
La courbe rouge représente les résultats obtenus à partir des mesures effectuées et la courbe bleue, les résultats de calculs obtenus avec d'autres données. Les deux courbes indiquent une baisse du débit d'eau d'approximativement 2% à 4% par an depuis 1995, ce qui corrobore la supposition soulevée par le premier graphique.
Les deux graphiques ont tous les deux été créés à partir de mesures effectuées dans la mer du Labrador et le détroit de Féroé, deux branches du Gulf Stream, et montrent que le processus de formation d'eau profonde ralentit. Il serait donc logique que le Gulf Stream ait aussi subi une disruption.
Ainsi, afin d'être constamment informé de l'évolution de la circulation océanique Atlantique, la NERC (Natural Environment Research Council) et les scientifiques du Centre Océanographique National anglais de l'Université de Southampton ont créés en 2004 un système d'observation continuelle baptisé RAPID, constitué d'instruments amarrés déployés à travers l'Atlantique à 25°N qui mesurent la salinité, la température, la pression et la puissance des courants. Ainsi, ces chercheurs ont évalués que la circulation atlantique méridionale a ralenti de 30% entre 1998 et 2004. Les chercheurs ont mesurés la puissance de la circulation atlantique à des intervalles réguliers et l'estiment à 14 Sverdrup (Sv). Cela constitue une baisse par rapport aux mesures effectuées en 1957, 1981, 1992 et 1998 qui évaluent une puissance de la circulation atlantique constante à 20 Sv.
Ce ralentissement de la circulation atlantique s'explique très simplement. L'étude des événements de Dansgaard-Oeschger et d'Heinrich (première sous-partie) indique qu'un réchauffement planétaire (événements de Dansgaard-Oeschger) ralentit le Gulf Stream et la circulation océanique globale, ce qui provoque une baisse de température dans l'hémisphère Nord. Or, cela fait plusieurs dizaines d'années que le problème du réchauffement climatique est devenu une évidence l'organisme international admet une hausse de 0,6° Celsius dans la température mondiale moyenne depuis 1900 et révèle que la décennie de 1990-2000 a été la plus chaude du siècle. Cela devient une des principales préoccupations internationales du fait que des conséquences se sont déjà manifestées.
Par exemple, depuis 1950 la température moyenne de la côte Nord de l'Alaska a augmentée d'entre 2° et 3° Celsius. Depuis quelques années, les glaces des pôles qui sont supposées fondre en été et se reformer en hiver fondent plusieurs mois à l'avance. On retrouve dans l'océan Arctique des blocs massifs de glace à la dérive et les glaces du Groenland et de l'Antarctique sont en train de fondre. Ces phénomènes ne sont pas sans conséquence pour le Gulf Stream.
En effet, le réchauffement climatique provoque une augmentation de l'évaporation des eaux, car l'atmosphère peut contenir plus d'eau dans des températures plus chaudes. Ainsi, de nombreux scientifiques qui prévoyaient que l'augmentation des précipitations, ajoutée à la fonte des glaces, allait rendre les eaux de surface plus denses et ralentir la circulation océanique ont vu leurs hypothèses confirmées. Or, ces prévisions étaient en partie faîtes à partir d'études de modèles, cette étude hydrographique permet donc de souligner l'aptitude des modèles à donner des prédictions correctes et montre que les prévisions sont à prendre au sérieux.
En attendant le déluge, RAPID va permettre d'obtenir dans les années à venir pour la première fois des mesures détaillées de l'évolution des caractéristiques des courants atlantiques tout au long de chaque année.
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